Contemporain…

Dans un article publié dans le Vanity Fair  de février 2016, l’édition en espagnol, David Amsden faisait état de sa rencontre avec Alessandro Michele, le nouveau directeur de la création chez Gucci. L’entrevue avait eu lieu au Musée d’art Minsheng de Shanghai lors de l’exposition No longer/Not yet  (17 octobre – 16 décembre 2015) organisée par Michele et la directrice de la revue Love, Katie Grand.  La manifestation explorait, rien de moins que l’expérience du mot «contemporain». À ce sujet, Michele se demande :  «connaissons-nous le sens du mot ? Je ne le connais pas ? Quelqu’un le connait-il ?»

Alessandro Michele

Alessandro Michele

Sept artistes avaient été invités à participer à l’aventure proposée par No longer/Not yet : Cao Fei, Jenny Holzer, Li Shurui, Rachel Feinstein, Glen Luchford, Nigel Shafran, et l’illustratrice britannique Helen Downie mieux connue comme Unskilled Worker. Ils avaient comme point de départ la pensée du philosophe Giorgio Agamben : « Ceux qui sont vraiment contemporains sont ceux qui ne coïncident pas parfaitement avec leur temps et ne s’adaptent pas à ses exigences … Ils ne sont jamais à la maison au moment présent »…

Unskilled Worker. Courtesy of Xie Yingjie

Unskilled Worker. Courtesy of Xie Yingjie

Aux artistes choisis par Michele et Grand, se joignaient Steve Mackey et John Gosling, les deux créateurs de la bande sonore originale pour chacune des installations faisant partie de l’exposition.

Pour l’occasion, le Musée d’art Minsheng accueillait Alessandro Michele en tant que co-commissaire de l’événement et également comme artiste. Comme artiste, Michele avait surpris Shanghai en transformant l’une des salles du musée en un paysage féerique, le même que celui qui arbore les nouvelles créations de Gucci… Surréaliste et magique à souhait !

Gucci Tian. Courtesy of Xie Yingjie

Gucci Tian. Courtesy of Xie Yingjie

En parlant de son travail en tant que designer de l’une des maisons les plus prestigieuses de la planète, Alessandro Michele a eu ces mots : « partout dans le monde, le marché évolue d’une façon très étrange, heureusement mon travail n’est pas de comprendre cela »…

Gucci Tian. Courtesy of Xie Yingjie

Gucci Tian. Courtesy of Xie Yingjie

J’ai toujours cru que comprendre le monde que l’on habite nous aide à mieux positionner notre travail, mais les propos de Michele ont également du sens. Je crois que finalement c’est une question de perception pouvant s’adapter aux différentes situations. En Inde, il y a cette légende ou anecdote qui raconte qu’un vendeur d’oranges avait un commerce florissant, ses affaires allaient très bien et il était très prospère, jusqu’au jour où son fils, de retour de ses études à l’étranger,  lui apprend qu’il y avait une grande récession au pays. À partir de ce moment-là, ses ventes commencent à décliner. Tant qu’il n’était pas au courant de la situation financière, ses affaires se portaient très bien…

Depuis mes débuts dans le milieu de l’art contemporain montréalais, ça fait déjà plus de 20 ans, les choses se sont transformées vertigineusement.  Les dernières années furent marquées par les nouvelles inquiétudes et intérêts dans le domaine de la culture, en particulier des artistes, des amateurs et des collectionneurs. Même les institutions ont beaucoup modifié leurs façons d’approcher le public pour mieux s’ajuster aux exigences d’un nouveau marché global. Il en va de même pour les foires.  Installées partout sur la planète, elles sont devenues très rapidement un phénomène grandissant. Tant de nouvelles propositions devraient, selon moi, nous laisser voir des opportunités vers des ouvertures inédites.

Espérons-le ! Aux dires de Alessandro Michele : « le plus beau est finalement tout ce que nous ne comprenons pas ».

Pour la fin, je vous propose l’image d’une œuvre de Georgia O’Keeffe, pour nous gratifier de soleil et de rêve. Rien de mieux en ces journées grises d’automne.

L’exposition finissant le 30 octobre 2016 au Tate Modern présentait certaines de ses œuvres les plus importantes, incluant Jimson Weed/White Flower No. 1, de 1932, négociée en 2014 pour la somme de 44.4 millions de dollars US.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire